Théorie de l'évolution

Lucrèce

Dès le 1er siècle avant notre ère, Lucrèce écrit que le monde n'est pas l’œuvre des dieux : son évolution et celle de l’humanité pourraient se suivre à partir de combinaisons fortuites par progrès conjoints s1Lucrèce : Lettre à Hérodote et la Lettre à Pythoclès, Livre V. De même, des phénomènes étranges épouvantant les hommes, comme les épidémies, seraient dus à des causes naturelles s2Lucrèce : Lettre à Hérodote et la Lettre à Pythoclès, Livre VI.

Mais les premières réflexions sur le sujet sont anéanties par l'Église de Rome.

Au 17ᵉ siècle, cependant, la révolution protestante ainsi que l'épisode désastreux de GaliléeGalilee donnent à penser au public que le Vatican n'est pas peut-être par la meilleure source d'information scientifique. Néanmoins, l'idée que des gens aient pu évoluer depuis une forme de vie "inférieure" est particulièrement répugnée par la plupart des gens, jusqu'à l'ère victorienne. "L'Homme" (et plus particulièrement l'homme blanc) est considéré comme la forme de vie la plus haute atteignable sur Terre, parmi toutes les autres.

Fixisme

La théorie dominante, influencée par le discours religieux, reste cependant que les espèces n'ont pas changé depuis leur création.

Remises en cause

Cependant, au cours du 18ᵉ siècle commencent à être rapportées des observations en contradiction avec cette théorie :

  • biogéographiques : la différence des espèces de poissons de part et d'autre de l'isthme de Panama, alors que les conditions biologiques et climatiques sont les mêmes, est étonnante ;
  • anatomiques : le nombre des vertèbres cervicales est identique chez la girafe et chez l'hippopotame, alors que la longueur de leur cou est très différente ;
  • paléontologiques : les fragments fossilisés disposés selon leur âge présentent une continuité laissant supposer une transformation progressive des espèces (ainsi la réduction progressive des 5 doigts au doigt unique du cheval) ;
  • embryologiques : le développement de l'embryon, observable lors d'avortements chez les animaux, seble passer par des formes anciennes de l'espèce. On trouve, par exemple, chez des embryons de mammifères, des organes de respiration aquatique qui ressemblent à ceux des espèces sauriennes.

Transformisme

Lamark développe alors sa théorie s3Lamarck, Jean-Baptiste : Philosophie zoologique, 1809 selon laquelle :

Cette théorie est aussi critiquée à la fois par le conservatisme religieux et la théorie concurrente du catastophisme de Cuvier qui veut que les espèces soient renouvelées après chaque catastrophe géologique, bien plus populaire à cette époque romantique.

La théorie de l'évolution est développée par Haeckel. en , l'idée de sélection naturelle est développée dans la Dissertation de Townsend (l'inspirateur de Malthus).

Evolutionnisme

À partir de en , Charles Darwin à l'occasion de participer à l'expédition de 5 ans du Beagle et fait de nombreuses observations allant dans le sens du transformisme. Cependant, il veut se démarquer de l'impopularité de Lamarck et retarde la publication de son livre s4Darwin, Charles : L'Origine des espèces, 1859 jusque en , poussé par la concurrence de son confrère Wallace.

Sa théorie corrige plusieurs erreurs de celle de Lamarck : les variations des espèces adaptées au milieu et aux circonstances ne sont pas directement dictées par l'environnement, mais sont aléatoires, et seuls les plus adaptés (par chance) survivent (sélection naturelle) et propagent leurs caractères à leur descendance.

en , Gregor Mendel découvre la génétique qui va dans le sens de la théorie darwinienne.

s5Jean-Marie Nicolle : Histoire des méthodes scientifiques, Bréal, octobre 2006

La théorie popularisée est un scandale dans les milieux religieux : l'Homme ne peut descendre d'espèces plus anciennes puisque, selon eux, il a été créé par Dieu. Bien que Darwin ait décrit une progression de l'homme primitif vers l'homme moderne, l'idée est vite caricaturée en celle d'un "Homme descendant du singe".

TSE