La rencontre de Valensole

Maurice Masse naît en .

Sur le plateau de Valensole (Alpes-de-Haute-Provence), témoin (41 ans, cultivateur de lavande, vivant avec sa femme et ses 2 enfants) travaille quotidiennement avec son père dans leur champ depuis une semaine et remarquent, chaque matin, des dégâts causés aux lavandins, comme si quelqu'un avait pris, chaque nuit, des échantillons de ces plantes. Les plants ne sont pas arrachés, mais des pousses sont coupées ou plutôt cassées et emportées.

vers le , le témoin quitte son domicile. Il arrive dans son champ situé à 1600 m de sa maison. le , s'apprêtant à démarrer son tracteur qui stationne derrière un clapier (tas de pierrailles de 2 m de haut), il entend un bruit comme un sifflement qui remplissait toute la campagne. De là où il se trouve, il ne peut en localiser l'origine mais, pensant à un hélicoptère militaire, se dirige vers l'origine du bruit. Sortant de derrière le clapier, il constate effectivement qu'un engin est posé dans son champ au milieu de ses buissons de lavande, à 90 m. Cependant, sa forme rappelle plutôt celle d'un ballon de rugby.

Dessin de l'observation de Valensole
Dessin de l'observation de Valensole

Le témoin s'approche en longeant une vigne située le long de son terrain, marchant parmi les rochers tout en observant la "machine". L'objet, du volume d'une Renault Dauphine (de 3 à 3,50 m de large, pour environ 2,50 m de hauteur) et de couleur neutre et mate. Il possède une coupole supérieure transparente, et 6 pieds montés sur un pivot central s'enfonçant dans le sol, le faisant penser à une énorme araignée :

Je me trouvais vers le du matin, comme j'en ai l'habitude, dans mon champ de lavande un peu au nord de Valensole près de la route d'Oraison. Je n'avais pas encore mis en marche mon tracteur, arrêté derrière un clapier (tas de pierrailles de 2 m de haut environ). J'allais le faire et j'allumais une cigarette quand j'entendis un sifflement dont je ne localisais pas l'origine.

Le témoin contourne le clapier avec précaution, pensant prendre des gens la main dans le sac. Mais c'est un tout autre spectacle qui l'attend :

Je sortis alors derrière le clapier qui me dissimulait et vis à 90 m de moi environ un engin de forme bizarre qui s'était posé dans mon champ. J'avais d'abord pensé à un hélicoptère, mais je me suis rendu compte que ce ne pouvait en être un. J'avais trop l'habitude de ces machines de l'armée qui, en difficulté ou non, atterrissent souvent sur mon champ ou à côté. Je ne manque pas, chaque fois, d'aller m'entretenir avec les pilotes lesquels, bien souvent, sont des chasseurs comme moi. Mais cet engin ressemblant à un gros ballon de rugby, gros comme une Dauphine, surmonté d'une coupole, reposant sur 6 béquilles, qu'est-ce que ça pouvait être ? Peut-être, pensais-je, un engin expérimental ?

l'objet n'est pas seul. 2 petits humanoïdes se trouvent à ses pieds, accroupis :

Je m'avance néanmoins d'un pas tranquille, rien dans les mains, à travers les jeunes plants de lavande qui couvrent mon champ. Et j'aperçois tout près de l'engin 2 petits êtres ayant apparence humaine, penchés sur un pied de lavande.

Un lui tourne le dos, l'autre lui fait face.

Sans trop d'inquiétude, je m'approche avec l'intention d'entrer en contact avec eux. J'arrive ainsi à 5 ou 6 m des étranges visiteurs, mais ceux-ci m'aperçoivent, se redressent et l'un d'eux braque aussitôt sur moi une sorte de tube, ou de "pistolet". Je suis alors instantanément figé sur place au point de ne pouvoir faire un seul mouvement.

Dessin d'un humanoïde tel qu'observé à Valensole
Dessin d'un humanoïde tel qu'observé à Valensole

Lorsque je suis arrivé à 7 m d'eux, celui qui était tourné dans ma direction m'a alors aperçu. Il a dû faire un signe à l'autre, tous 2 se sont redressés, celui qui avait le dos tourné a fait volte-face et a pointé un tube dans ma direction qu'il prit dans un étui sur son côté droit ; à ce moment-là, j'ai été totalement immobilisé. Je ne ressentais rien, je n'étais pas engourdi ni contracté, mais je ne pouvais pas faire un seul geste. J'ai très bien distingué que celui qui m'avait paralysé remettait de la main droite, dans l'étui qu'il portait à gauche, ce fameux tube.

Ces 2 êtres sont ensuite restés quelques mn à discuter en me regardant la plupart du temps. J'ai remarqué que leurs yeux bougeaient et j'entendis une sorte de gargouillement provenant certainement de leur gorge. Ils n'avaient presque pas de cou tant leur tête était rentrée dans les épaules. Ils semblaient se moquer de moi, pourtant leurs regards n'étaient pas méchants, tout au contraire.

Au bout de 4 à 5 mn, ils retournèrent, avec une agilité surprenante, dans leur appareil en s'aidant de la main droite, puis de la main gauche. Une fois montés à bord, une porte à glissière se referma d'une façon qui m'a semblé automatique, de bas en haut, de la même manière qu'une porte de meuble.

Je les ai distingués derrière le dôme, j'ai entendu un bruit sourd qui a duré en , tandis que leur appareil se soulevait de 10 cm à 1 m. Le tube qui se trouvait sous l'appareil est sorti de terre et les 6 pieds se sont mis à tourner. Il n'y a eu ni fumée, ni poussière soulevée par cet engin. Les 6 pattes tournaient dans le sens des aiguilles d'une montre.

Tandis que les visiteurs me faisaient face, l'appareil est parti en arrière, dans la direction opposée à leur orientation. Il s'est élevé en oblique plus vite qu'un avion à réaction. Je l'ai suivi pendant 15 à 30 m, puis il a disparu subitement de ma vue, pire qu'un éclair.

Je suis resté immobilisé encore en , puis j'ai remué mes mains, puis tout le corps et les membres. Je suis alors parti vers mon tracteur.

J'ai allumé une cigarette et j'ai continué mon travail jusqu'en . Monté sur mon engin, j'ai biné ma vigne qui n'est pas celle que j'ai traversé lors de mon approche puis je suis rentré chez moi vers .

C'est en mettant au courant de son aventure M. Moisson, patron du Café des Sports que la gendarmerie a vent de la nouvelle.

Il racontera ensuite avoir vu également de petits êtres (1 m environ) dont la morphologie générale est proche de la nôtre, mais qui sont manifestement étrangers à notre planète. En s'approchant d'eux, il note leur tête anormalement grosse par rapport au corps (3 fois celle d'un humain), chauve, peau blanche, longues oreilles, pommettes saillantes et charnues, avec une petite bouche circulaire. Ils portent des costumes gris-vert d'une seule pièce. Jusqu'alors penchés sur un buisson de lavande, ils semblent enfin remarquer sa présence lorsqu'il est à 8 m d'eux, et l'un d'eux braque alors vers le témoin un petit tube qui le paralyse, mais apparemment sans lui faire perdre conscience. Il se souvient qu'il y a eu alors une sorte de communication télépathique avec ces êtres, dont il garde une impression de bienveillance. Les 2 êtres retournent ensuite à leur engin, y pénètrent par une porte coulissante. Le bruit de sifflement recommence et l'engin plane brièvement tandis que ses pieds commencent à tourner, puis il file vers l'ouest à vive allure.

Le témoin ne recouvre sa capacité de mouvement que en plus tard. À ce moment, il va immédiatement examiner l'endroit où l'ovni s'est posé et remarque diverses marques au sol, ainsi qu'un trou central d'environ 30 cm de profondeur là où il avait stationné le pylône central de l'engin. La terre tout autour est détrempée. Plus tard, dans la journée, il note qu'elle s'est rapidement durcie jusqu'à avoir la consistance du ciment.

Enquête

Maurice Masse sur la trace dans son champ
Le témoin sur la trace dans son champ

Le lieutenant-colonel (capitaine ?) Valnet, commandant de la compagnie de gendarmerie des Alpes-de-Haute-Provence contrôle le déroulement de l'enquête des gendarmes Azias et Santoni. Ceux-ci s'attèlent à leur tâche dès le lendemain, recueillant un 1er témoignage du témoin, d'abord réticent par peur du ridicule.

Le témoin ne parle pas tout de suite des petits êtres.

La trace laissée sur le champ du témoin
La trace laissée sur le champ du témoin

le , les journaux parlent de la "soucoupe volante de Valensole". La plupart émettent l'hypothèse d'un hélicoptère Alouette 2 ou 3 : en effet, cet été-là, des exercices militaires sont en cours sous le nom de "Provence 65" s1"Les gendarmes ont relevé d'étranges traces à l'endroit où un cultivateur de Valensole affirme l'avoir vue", Le Dauphiné Libéré, 1965-07-04. Le général Lionel Max ChassinGuillaume Jean Max Chassin ne confirme pas l'hypothèse de manœuvres militaires et demande que les autorités fassent dans le plus bref délai, une déclaration à l'effet de dire si, oui ou non, un hélicoptère en mission s'est posé un moment dans le champ de M. témoin.

Les ufologues sont très sollicités : l'un des plus célèbres, Aimé MichelAimé Michel, déclare : si le témoin a inventé la chose, il a inventé quelque chose de tout à fait conforme à ce que l'on sait déjà, en particulier de tout fait conforme à une observation faite l'année dernière aux États-Unis dans un endroit qui s'appelle SoccoroLa rencontre de Soccorro.

Le témoin
Le témoin

Le témoin s'est réfugié sur la côte pour éviter la presse et les curieux. Le , les journalistes le retrouvent et il répond aux questions d'Europe 1 : il reste sur ses déclarations jusqu'au le , où il est interrogé pendant en par le capitaine de gendarmerie Valnet. Au cours de cet entretien éprouvant, il donne une nouvelle version des faits. Cette fois, les 2 êtres étaient hors de leur engin et semblaient contempler, accroupis, un plan de lavandin. Ils ne mesuraient pas plus de 1 m, leur crâne disproportionné, chauves, un trou à la place de la bouche. Il n'avait pas osé tout dire de peur d'être enfermé à l'asile ; il ne l'avait raconté qu'à son père et au gendarme, le maréchal des logis Oliva.

Guieu

Jimmy GuieuHenri-René Guieu (alors chef du service d'enquête du groupement Ouranos) se rend sur les lieux. En voulant recueillir un peu de terre à l'endroit où l'engin s'est posé, il brise la lame de son canif tant le sol est dur.

Chautard

Début en , maître G. Chautard (membre du GEPA et magistrat conseiller à la cour d'appel de Lyon), mène son enquête à titre privé.

Chautard interroge le témoin et rédige un long rapport où il conclut à l'honnêteté du témoignage s2Chautard, G. : "Enquête à Valensole - Suprenantes révélations", Phénomènes Spatiaux, vol. 2, n° 5, pp. 42-46, 1965-09 s3Bourret, J.-C.: "L'affaire de Valensole : un agriculteur paralysé par un mystérieux rayon", La nouvelle vague des soucoupes volantes, pp. 125-126, 1976.

Le témoin sera par la suite interrogé par Aimé MichelAimé Michel qui constatera qu'il est victime pendant quelques semaines d'hypersomnie.

Pour les ufologues et pour certains journalistes, le témoin n'a pas tout dit. en , le journaliste René Pacaut, rencontre le témoin qui lui dit : Je ne peux pas dire tout ce que j'ai vu. Personne ne me croirait.

Fin en , le témoin accorde un entretien à Jacques ValléeJacques Vallée. Il en ressort que les êtres venaient de quelque part ailleurs, mais qu'ils étaient humains.

Plus tard, le témoin semblera avoir conservé un sentiment quasi-religieux de ce mystérieux "contact" des êtres venus d'ailleurs. Il meurt le s4Tarade, Guy: Magonie, 2004-07-21.

s5Bourret, Jean-Claude : La nouvelle vague des soucoupes volantes, Presses Pocket 1976

Maugé & Rocard

Combinaison gris-vert, tête disproportionnée et chauve... c'est aussi un pilote d'hélicoptère US à        cette époque s6Shirakura, Takeo: "U.S.Army                Helicopter Pilot around 1970", PX n° 15, 1988
Combinaison gris-vert, tête disproportionnée et chauve... c'est aussi un pilote d'hélicoptère US à cette époque s6Shirakura, Takeo: "U.S.Army Helicopter Pilot around 1970", PX n° 15, 1988

le , Claude MaugéClaude Maugé sollicite et obtient un rendez-vous privé avec Yves RocardYves André Rocard, qui était alors directeur de l'Observatoire de Haute Provence. Ancienne base américaine durant la 2de guerre mondiale "récupérée" depuis par la France, c'était aussi un Centre de Suivi de satellites situé à moins de 5 km du terrain de Masse. Au cours de l'entretien, Rocard fait part à Maugé de sa conviction que la RR3 de Masse résultait d'une confusion de sa part, volontaire ou non, avec l’atterrissage d'un hélicoptère dans son champ de lavande. Une hypothèse qui aurait été originellement avancée par "des journalistes" (lesquels ?) en vertu de manœuvres militaires dans la région. Assez vite abandonnée au vu des deux rapports de gendarmerie et du déni de l'Armée de l'air française. Dans la bouche de Rocard, version Maugé, hypothèse journalistique rendait techniquement et politiquement plausible qu'il pouvait s'agir d'un hélicoptère espion américain (illégitimement) décollé d'un navire de la 6ᵉ Flotte ancrée en rade de Villefranche avec mission d'aller mesurer l'effet des ondes émises ou captées par le Centre de Détection Radar de Valensole, chargé de renseigner l’État Français des départs de fusées de cap Canaveral et dont la puissance venait tout juste de passer de 15 à 80 KV, et de leur effet possible sur les transmissions radio et des avions de surveillance américains (U2) qui survolaient l'espace français 24 h/24. L'hypothèse tombait à pic puisqu'à l'époque de la RR3 de Masse (1er juillet 1965), de Gaulle était en train de chercher à se débarrasser des forces américaines de l'OTAN, considérées comme troupes d'occupation étrangères. À quoi s'ajoutait le fait que le gouvernement français avait épinglé le 17 juillet de la même année et "quasi dans la même région" un "avion espion" américain en train de survoler le centre atomique de Pierrelatte. Apparemment, à cette époque, aucune carte de navigation aérienne n'indiquait une quelconque interdiction du survol de ce site, seule l'usine de Marcoule bénéficiait d'une zone d'interdiction de survol à basse altitude. s7"Mais que s'est-il passé le 17 juillet 1965 dans le ciel de la Vallée du Rhône ?" s8Boitte, Frank : "L'affaire Valensole : une histoire qui n'en finit pas de rebondir", CERPI, 2013-08-08. De fait, la 6ᵉ Flotte disposait d'une TF 62 dotée d'hélicoptères pour mener des opérations sur la côte ou évacuer des civils de zones dangereuses s9US NAVY - Fleets, samedi 26 août 2017 à 04:56.

Références :

décède en .